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Première initiative volontariste de féminisation de voies et places urbaines en Tunisie : Municipalité de l’Ariana, 2019

Clip de la Municipalité d’Ariana du 8 mars 2019 posté sur Youtube, présentant les femmes commémorées ce jour dans l’odonymie de la ville (9 rues et 1 place)
8 Mars 2019, pour la journée internationale des Femmes, la Municipalité de l’Ariana (Tunisie) procède à la nomination d’une place et de neuf voies d’après des personnalités féminines tunisiennes pionnières. Une grande première en Tunisie et une initiative remarquable au niveau international. La place prend le nom de Place des Militantes et les 10 artères de la Cité Ennasr les noms de 10 pionnières dans différents domaines (politique, médical, aéronautique, artistique).  (sces : http://origin.tunisie14.tn/article/detail/ariana-rues-baptisees-du-nom-de-celebrites-feminines ; https://www.facebook.com/story.php/?story_fbid=392977485536278&id=100044720902270) :
  • Maya Jribi, première femme présidente de parti politique ; 
  • Bchira Ben Mrad, fondatrice de la première union des femmes tunisiennes en 1936 ;
  • Badra Ben Mustapha, première sage-femme tunisienne diplômée de la faculté de médecine d’Algérie en 1936;
  • Alia Menchari, première femme pilote commandant de bord en Afrique et dans le monde arabe ;
  • Safia Ben Sahbi Farhat, activiste des droits humains – Association des femmes démocrates ;
  • Kalthoum Bornaz, réalisatrice et diplômée de l’École de la cinématographie de Paris ;
  • Tawhida Ben Cheikh, première femme musulmane médecin du monde arabe ;
  • Asma Belkhouja Rebai, militante emprisonnée pour son activité militante politique ;
  • Mongia Amira Mabrouk, première femme agrégée de lettres arabes à l’Université de la Sorbonne à Paris ;
  • Cherifa Fayache, militante de la lutte nationale blessée par balle lors d’une manifestation contre le colonialisme.
La professeure Nihel ben Amar, à l’origine de cette initiative, revient sur cette opération remarquable et pilote pour nous indiquer sa genèse.
Précisons d’abord qu’Ariana est une grande commune historique, au profil sociologique favorisé, mitoyenne de la capitale, et donc dans l’agglomération de Tunis. Son histoire est particulière en tant que ville ancienne et lieu de villégiature précoce. Son développement urbain récent très important s’est effectué dans un cadre légal et planifié (Municipalité depuis le début du XXeme siècle) et dispose donc d’un adressage standardisé.
Comme élue à l’occasion de la mise en place d’un nouvelle municipalité en 2018 (premières élections municipales depuis la Révolution de 2011), Nihel ben Amar se lance dans un projet de rééquilibrage et de promotion de figures féminines nationales dans l’odonymie urbaine. 
Un inventaire des femmes tunisiennes remarquables existait, travail effectué par Adel Daboussi, chef de service des affaires culturelles à la municipalité de l’Ariana) rendant leur invisibilité dans l’odonymie plus criante, ce qui préoccupait la fraichement élue première vice-maire, par ailleurs photographe à ses heures et observatrice du paysages urbain. Les services administratifs s’avèrent plutôt rétifs à une initiative qui interfère avec un processus purement technique de leur point de vue. Ils ne considèrent pas immédiatement l’opportunité de dénomination des nouvelles voies pourtant  en préparation. Une place informellement appelée du nom d’un ex-ministre résident local (Hamed Karoui ) constitue alors une première opportunité puisqu’existante et au nom illégal. Il faut alors aller vite et profiter de l’opportunité événementielle de la journée internationale de la femme le 8 mars pour obtenir la délibération du conseil précédent malgré des divergences au sein de la majorité et les résistances de l’administration municipale
Le choix des 9 noms pour les dénominations de nouvelles rues de la Cité Ennasr a pu s’effectuer ensuite avec la Commission administrative, Adel Daboussi, chef de service des affaires culturelles et le Maire, pour être ensuite voté par le conseil municipal. A noter qu’une femme a refusé d’être commémorée de son vivant, il s’agit d’une pionnière des mathématique tunisienne.
 
Sur un plan matériel, la plaque de la place ainsi que celles des 9 rues sont en marbre et résistent très bien aux intempéries. Seule celle de la place est bilingue, tandis que les 9 autres sont exclusivement en Arabe. (Voir les photos dans l’article ci-dessous de Kapitalis : Ariana: En photos, des rues aux noms de pionnières tunisiennes)

Ultérieurement, 8 mars 2022, une nouvelle vague de dénomination d’après des personnalités féminines est intervenue avec notamment Gisèle Halimi (Avocate au barreau de Tunis dès 1949 et au barreau de Paris dès 1956, militante féministe et anticoloniale). Les plaques sont alors en taule et bilingues avec QR code pour accès à des informations complémentaires, mais sont déjà dégradées.

Le livre à paraitre Clin d’oeil sur l’Ariana, auteurs Nihel Ben Amar et Adel Dabboussi, documente photographiquement le paysage de la commune et notamment son odonymie renouvellée
 

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
neotopo (31 octobre 2024). Première initiative volontariste de féminisation de voies et places urbaines en Tunisie : Municipalité de l’Ariana, 2019. NEOTOPONYMIE/NEOTOPONYMY. Consulté le 3 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12lir


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